dimanche 26 avril 2009

Les Chinois et la pudeur

Après un long moment d’intense réflexion sur la direction dans laquelle je verrais ce blog persister, je me suis dit qu’une série de posts thématiques, sans rapport avec les événements (majeurs, il faut bien le dire) de ma vie quotidienne, pourrait peut-être vous intéresser. Donc voilà, premier de la série : la pudeur. Je ne prétends pas du tout que la vérité sorte de ma bouche, mais ce que j’écris ici est le nectar tiré de ma petite expérience après huit mois passés à Beijing… sentez-vous libre de me soumettre des thèmes (ou de râler, mais de manière constructive alors)!


Les Chinois ont un rapport au corps qui est très différent du nôtre, Européens, ou du moins Français. Tout d’abord, les Chinois ont relativement peu de contacts physiques dans la vie de tous les jours. Par exemple, on ne se fait pas la bise. Même entre filles. La bise est associée à l’amour pour eux. Et d’ailleurs même les amoureux ne manifestent pas leur attachement en public, voire même lorsqu’ils sont uniquement en présence d’amis, à part peut-être en se tenant la main de temps en temps. Les jeunes filles entre elles se tiennent par contre souvent par le bras, voire par la main, elles ont préservé cette manière de donner et recevoir de l’affection. Les hommes entre eux pratiquent la « tape amicale sur l’épaule », mais je n’ai pu observer cela que très rarement. Une explication pourrait être que les Chinois cherchent en général à faire montre d’autonomie. Or exprimer ses sentiments en public c’est plutôt dévoiler une faiblesse. En gros, un Chinois se promène généralement dans une sorte de bulle, la distance règlementaire à respecter est à 30 cm de la surface du corps. Bon, on peut se dire que c’est un peu compréhensible : ils sont tellement nombreux, il leur faut bien un peu d’espace !

Mais c’est là où la logique s’arrête, car le nombre va inévitablement faire que les files d’attente (ou plutôt devrais-je dire les troupeaux d’attente) permettent à quatre personnes de lire le même journal ou à une seule de déverser le contenu de son plateau sur six pieds gauches à la fois. Et quand un Chinois rentre dans quelqu’un par mégarde, pas un mot d’excuse ! Pourtant là, si ma logique infaillible est exacte, il y a empiètement grave dans la sphère de l’inconnu d’en face!

Creusons un peu, et rendons-nous par exemple à la piscine. La piscine est un endroit très intéressant lorsqu’on s’intéresse au rapport au corps. En effet, c’est un endroit où le corps est bien plus dévoilé qu’à l’extérieur, mais selon des règles inflexibles ; il y a un espace mixte, un espace féminin, un espace masculin. Je suis désolée pour mes lecteurs, mais je n’ai pas encore envoyé d’espion chez les hommes. Ce que j’ai pu observer en tant que nageuse (assidue) est déjà assez parlant. Là où les piscines municipales françaises affichent des pancartes « Une tenue décente est exigée même sous la douche », il est tout à fait naturel, voire exigé, de se promener tout nu dans le vestiaire devant une bonne douzaine d’individus de 7 à 77 ans du même sexe (et bien sûr de prendre la douche dans la même tenue, cela va sans dire). A la piscine où je vais, il n’y a pas de cabine (j’ai mis 10 secondes à retrouver le mot tellement ce sanctuaire de l’intimité est rare en Chine) et les douches sont communes (avec un petit panneau de plastique pour séparer de la douche voisine, mais rien n’est prévu pour la douche d’en face !). Ma première expérience ne s’est pas effectuée sans une légère anxiété, mon individualité n’allait-elle pas être désacralisée ? En réalité, là est la chose. L’individualité du corps ne semble pas vraiment faire sens pour les Chinois (lorsqu’ils sont entre individus du même sexe, entendons-nous). Le corps ne semble pas signifier l’individu. C’est plutôt une enveloppe, tout le monde traîne la sienne, même si elle n’est pas exactement la même que celle du voisin. Il faut tout de même prendre soin du corps (les Chinois savent faire ça très bien), mais entre camarades du même sexe, l’équivoque sexuelle disparaît totalement. Et finalement, dès ma deuxième visite au vestiaire des femmes, j’ai commencé à me sentir vraiment bien. En comparant avec la France, je me suis rendu compte qu’en plus de ne jamais se dénuder devant des inconnus, lorsque l’on procède à des soins du corps (comme le lavage), on prend bien garde à ne pas lever les yeux sur son voisin. Ce serait tellement mal vu. En Chine, il n’en est pas du tout de même : chacun peut regarder ceux/celles qui l’entourent, les regards se posent, mais ne se fixent pas. On bavarde joyeusement. Le corps est resté quelque chose de naturel pour les Chinois. Maintenant, je ne dis pas que je ferais l’apologie des plages naturistes ou que je vais militer pour la nudité dans les lieux publics en France, mais il est vrai je me trouve bien aise de pouvoir considérer mon corps comme quelque chose de naturel en Chine. Il ne s’agit pas d’exhibitionnisme, juste de ne pas s’empêtrer dans une pudeur règlementaire.


Norbert Elias aurait suggéré là que la France serait à un niveau plus élevé de civilisation que la Chine, en restreignant les « manifestations naturelles » des individus à travers la pudeur. Et il n’aurait pas tort, car les crachats à trois centimètres de ma chaussure ou les pets monumentaux dans n’importe quel endroit, ou encore les rots sonores (sans un mot d’excuse, forcément, puisque c’est naturel !) ont le don de m’inspirer un dégoût assez puissant. Mais là, je parle en tant que Française, bien évidemment ! Les codes que j’ai appris à suivre depuis toute petite se trouvant aussi ouvertement violés, mes neurones n’ont pas besoin de se connecter bien loin pour que ma réaction se déclenche.


Ce qui corrobore la thèse eliassienne est que dans le bassin de la piscine, où se trouvent mélangés hommes et femmes, on voit ces dernières porter majoritairement un maillot qui ressemble un peu à notre maillot des années 1950, bien fermé, souvent avec une petite jupette en supplément. L’espace est partagé, mais il n’est pas question de montrer trop du corps, car la nature est aussi sexualité. Les femmes ne se sentent donc pas trop à l’aise dans un habit qui en dévoilerait « de trop ». Un indice que la maîtrise des pulsions (comme le décrit Elias) n’est pas développée à son maximum en Chine.


Et donc, la boucle se boucle, pourquoi mes amis chinois (garçons ou filles) se reculent-ils horrifiés lorsque, dans ma joie de les revoir, j’en oublie que je ne suis pas en France et je me jette dans leurs bras pour leur faire la bise ? Eh oui, le contrôle des pulsions par la société n’est pas aussi élevé ici qu’en France, du coup on fonctionne par l’interdit, histoire d’éviter les « débordements ». Ca c’est du Norbert Elias. Bon, après, on pense ce qu’on veut du degré de civilisation des sociétés française et chinoises. Moi je trouve mon compte des deux côtés : en France je peux montrer mon affection en public, personne n’y trouvera à redire ; en Chine, je ne peux pas le faire, ça me manque d’ailleurs pas mal, mais la pudeur entre femmes n’existe pas ici, je me sens alors bien plus libre de mon corps qu’en France. Commentaires bienvenus sur ce qu’il en est entre hommes en Chine !



J’espère n’avoir choqué personne avec mon analyse à la louche d’un fait social sur lequel on pourrait écrire des milliers de pages, et qui trouve sans aucun doute des explications bien plus profondes que les deux ou trois que j’ai hasardées.

samedi 7 mars 2009

Au secours ! Deviendrais-je chinoise?

Je sais, je sais, ça fait des lustres que je n'ai plus écrit. Alors au lieu de chercher des excuses bidons, je vais essayer d'expliquer ce qui a réellement fait que je n'aie pas ressenti le besoin d'écrire. On ne sait jamais, ça pourrait être intéressant. Bon, on zappe les trucs du genre "j'ai eu mes partiels", "je suis rentrée un mois en France, c'était génial!", "je viens de redémarrer un nouveau semestre, pas le temps", "trop de choses en dehors des cours, mieux vaut les vivre toutes que d'en vivre la moitié en prenant le temps de les raconter", "ma vie n'est pas intéressante"... même si tout ça est vrai, ce n'est pas l'explication principale.

Pas d'inquiétude, tout va bien, je n'ai pas eu de coup de déprime, ni découvert en mon for intérieur un profond dégoût pour la langue chinoise, je vais bien!Justifier
J'avais ma petite théorie sur mon silence blogistique depuis fin décembre, et mon séjour en France a validé mon intuition. J'espérais que revoir la France me jette en pleine figure les différences culturelles entre la Chine et mon pays d'origine... et en fait rien ne s'est passé, c'est comme si je passais d'un monde à l'autre sans effort, sans étonnement. Mon retour à Beijing s'est passé de même, si on oublie les deux premiers jours pluvieux et moroses d'avoir quitté à nouveau ceux que j'aime. Je me sens bien des deux côtés, c'est ça le problème. C'est comme si on demandait à un Français de raconter sa vie en France, il ne saura pas quoi dire, tout lui paraît tellement aller de soi. Bien sûr, en Chine les bonnes pâtisseries me manquent, en France je peste contre les Français qui ne font que râler, mais petit à petit, la Chine a pris une place dans mon coeur, alors que la France s'est ancrée encore plus profondément en moi.

Comme j'ai cru comprendre que vous aimez bien les listes, je vais vous dire à quoi j'ai remarqué que je devenais un peu chinoise :
  • je mets la main devant la bouche quand je ris, d'une manière très enfantine
  • mon petit-déjeuner chinois me convient tout-à-fait, sans regret pour les croissants
  • je ne planifie pas plus d'une semaine à l'avance, et je trouve ça plutôt sympa (sauf exceptions internationales...)
  • je ne regarde plus jamais les infos
  • je trouve la langue chinoise astucieuse, et non pas totalement biscornue ; tout le monde devrait écrire avec des idéogrammes !
  • je salue de la main en remuant le poignet plutôt que le bras entier
  • ma coupe de cheveux (ratée, par un Coréen) combinée avec mon nom hyper-chinois induit mes professeurs à penser que je suis une 华裔 (huayi, personne d'origine chinoise né à l'étranger, et revenant "aux sources")
  • je ne me lasse plus de manger du riz
  • le manque d'intimité, c'est quoi ça ?
  • je trouve ça tout-à-fait normal de rentrer chez moi tard par des petites ruelles sans avoir la moindre appréhension que celle du froid mordant
  • je trouve que les baguettes sont tout de même bien plus pratiques que les couverts occidentaux, parce que ça laisse une main de libre
Mais je reste française pour ça :
  • je n'arrive pas à considérer qu'il soit possible de disposer d'un piano sans que personne ne puisse en jouer
  • je maintiens un service minimum vis-à-vis de mon apparence
  • je trouve que l'esprit de compétition n'est pas une manière saine de fonctionner
  • j'ai encore la force de me rebeller et de décréter que je ne veux plus habiter avec ma coloc qui vit à l'envers de moi
  • je trouve le physique des hommes chinois très quelconque
  • ça m'énerve toujours de ne pas pouvoir boire l'eau du robinet
  • je cherche encore un vrai gâteau
  • je suis toujours ravie de trouver une occasion de discuter en français (mais je n'en abuse pas)
  • je n'arrive pas à ne pas trouver dégoûtantes les serpillères "toutes surfaces confondues" utilisées avec des produits qui puent littéralement et qui ne désinfectent même pas, de même, l'odeur des toilettes est toujours aussi repoussante pour mon petit nez délicat.
Liste susceptible d'évoluer en fonction de mes idées géniales ou moins géniales...



vendredi 12 décembre 2008

Eclair de lucidité dans la brume hivernale

Alors que je vivais un de ces moments hautement intellectuels, mais qui ont lieu trois fois par jour (ce qui donne un argument de poids aux anthropologues de la cuisine pour justifier de l'importance de leur objet d'étude dans le domaine des sciences sociales), dans le lieu hautement romantique qu'est la cantine numéro 2 de l'université, après avoir héroïquement joué des coudes pour atteindre chaque stand et ainsi compléter mon plateau de manière à me "concocter" un repas un tant soit peu équilibré, et slalomé entre les plateaux dégoulinants de la foule chinoise qui me pressait de toutes parts, j'étais assise à ma table presque propre que je partageais avec de jeunes Chinoises en train de se choisir un prénom anglais, seule étrangère à cette heure somme toute universelle : midi. Mon plus grand problème, alors, était de trouver dans quel sens je devais positionner mon plateau-repas de manière à avoir le moins de mal pour manger mon énorme galette au moyen de baguettes en bois, et à minimiser le risque de salissure.

Tout-à-coup, j'ai vu à 10 mètres de moi mon premier jeune Chinois vraiment beau, indiscutablement beau. Mon cerveau s'est rebranché illico : mais c'est vrai ! Cela fait plus de trois mois que j'habite ici, et jamais encore je n'avais pu me faire la réflexion "Il est beau.", ou même juste "Il est mignon.". Je pense qu'il en a résulté un électrochoc dans mon cerveau car alors j'ai ouvert les yeux, non pas pour admirer le jeune homme en question - car il a dû se trouver une place quelque part dans l'immense salle et s'est confondu avec ces dizaines de chevelures noires un peu hirsutes - mais pour observer ce qui m'entourait. Je pensais le faire chaque jour, mais apparemment pas de la bonne manière. Tout cela pour vous mener à ma découverte extraordinaire, tellement extraordinaire que je me suis précipitée pour vous en faire part en rentrant de mon repas. Donc non, ma découverte extraordinaire n'a pas été qu'il existe de beaux garçons en Chine, même s'il est à noter qu'il m'a fallu une centaine de jours pour en repérer un... Voici ma découverte, elle est très simple : pour les Chinois, on ne voit bien qu'avec des lunettes, la réalité est trop éblouissante pour les yeux.

Au moins trois quarts des jeunes filles chinoises (je n'exagère pas!... Et bon nombre de garçons aussi, mais la proportion est moindre) que j'ai vu défiler devant moi portaient des lunettes ! Comment se peut-il que je ne me sois pas aperçue avant de ce chiffre hallucinant ?
Là, la statisticienne en devenir qui sommeille en moi a sussuré de sa voix suave : ce n'est pas parce que tu as un échantillon d'une centaine de personnes que ton estimation est bonne, et puis ce n'est de toute façon pas représentatif de la population chinoise entière (mais qui a dit qu'il considérait mon minuscule échantillon comme représentatif d'un milliard et demi d'individus??), il y a une probabilité somme toute non nulle que toutes les filles lunettées de ton université aient choisi de venir manger au shitang numéro 2 à 12h15, ... et qui te dit qu'en Occident ce n'est pas la même chose? C'est juste que les lentilles de contact sont maintenant légion, on ne se rend plus compte de l'étendue du fléau!

Donc, tenant compte de toutes les limites sus-dites, je peux néanmoins émettre les hypothèses suivantes :
  • les jeunes qui ont eu l'insigne honneur d'être acceptés dans une université de premier rang se sont bouzillé la vue dans les bibliothèques mal éclairées, et tard le soir, après le couvre-feu, à la lumière de leur lampe de poche, à ingurgiter la Connaissance qui leur était nécessaire pour parvenir à la Réussite ;
  • les filles travaillent plus dur que les garçons (mais ça on le savait déjà) ;
  • les opticiens doivent rouler sur l'or (maintenant je comprends pourquoi il y a un opticien sur le campus, et pas de vendeur de vélos!).
Remarque hors-champ : les nez des Chinois ne sont décidément pas faits pour les lunettes, ils sont trop "plats", ça glisse, du coup les Chinoises ont développé le "coup-d'annulaire-qui-remet-les-lunettes-en-place-et-écarte-la-frange-des-yeux-pour-3-secondes" (hypothèse déjà émise en France, à présent confirmée à Beijing), technique qui nécessite beaucoup de pratique avant de paraître un brin sexy.


mardi 2 décembre 2008

Savez-vous planter les choux....?

Sur le campus, toutes les belles fleurs jaunes et rouges des immenses plate-bandes ont fait place à des choux blancs et rouges dès les premiers frimas arrivés. C'est ... intéressant! Je vous ai mis la même plate-bande en mode "avant-après", et vous laisse déguster le résultat. Je me croirais de retour dans ma terre natale (ah non, ça va, c'est quand même pas comme si j'étais en train de compter les jours... il m'en reste que 43 d'ailleurs).


dimanche 16 novembre 2008

Les Chinois savent s'amuser : 茶馆 et 卡拉OK






















Alors que le Président Sarkozy déposait une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, mes camarades et moi étions en train de prendre du bon temps autour d'une table de victuailles. Bien sûr, notre professeur préférée était de la partie, comme quatre autres cars entiers, tous débordants de 留学生 (étudiants étrangers). L'expédition avait pour but ultime le fameux salon de thé 张一元 où nous attendaient des représantants de tous les arts de scène chinois : acrobates, mimes, lutteurs, acteurs, chanteurs d'opéra, contorsionnistes ... et une armada de serveurs bien sûr. Après une explication (en chinois) de la cérémonie du thé que je n'ai pas comprise plus que Romain l'année dernière, l'universalité du rire a fini par casser la barrière de la langue, et nous sommes revenus à l'université avec de jolis souvenirs plein la tête et surtout plein les appareils photo!


Fin de semaine, soirée karaoké dans le voisinage de l'université. Après un petit restaurant coréen à 7, direction l'une des cinquante salles du karaoké de Wudaokou, deux heures de folie où se sont mélangé chansons américaines, chinoises et japonaises (malheureusement pas de chansons françaises ou russes en stock...). Il faut savoir que le karaoké chinois (ou japonais, cf Lost in translation) ne se passe pas du tout de la même manière qu'en France. Ici, on loue une salle à l'heure, petite ou grande, le prix varie, mais on a toujours un immense canapé super confortable où s'affaler à une dizaine au moins. Bon alors, les chansons chinoises, c'est pas toujours facile à déchiffrer, n'est-ce pas Anastacia (尼那 pour les Chinois)? On a sa propre télévision, son "menu" et sa télécommande pour choisir les chansons. J'oubliais les deux micros (parfois un bleu, un rouge, ça fait plus romantique), et les spots disco ! Du coup, on ne chante jamais devant des inconnus, et c'est vraiment la coqueluche des jeunes ici.Valeriy aux tambourins, qui a su de cette manière déjouer notre attention, et ne pas avoir à chanter... et duo romantique sur Titanic entre Janel (alias 张美丽) la Kazakhe et Vitter (alias 王金福 ) l'Indonésien.

samedi 8 novembre 2008

Mon automne à 北京

大家好 !

J'ai un peu honte d'être restée muette durant tout ce long mois, mais je crois que j'arrive au moment tant redouté où je commence à voir ce qui m'entoure avec des yeux presque chinois, c'est-à-dire que ma capacité d'étonnement a fortement baissé. Je ne dégaine plus mon appareil photo à tout va, et j'ai l'impression que ma petite vie n'est pas très passionnante pour des yeux occidentaux. Bon, il s'est tout de même passé quelques petites choses durant mon mois de silence et de temps magnifique, je m'en vais vous les conter. Anti-chronologique, comme sur un bon CV, ça vous dérange pas trop?




Hier soir, au D-22 avec Mathieu, Charles, Kévin (qui est un Chinois, ne pas s'y tromper), et deux jolies Chinoises légèrement francophones, on a eu peur pour nos oreilles. Le D-22 est un "bar musical" juste à côté de Tsinghua, très sympathique sauf quand un 老外 (étranger) décide d'utiliser un truc chelou pour faire des sons encore plus chelous. Nous avons pu identifier coup sur coup une tondeuse à gazon, un marteau piqueur, un micro mal réglé, une dammeuse, les ongles d'une prof furieuse sur un tableau, et un pet magistral. Mais la majeure partie du temps, ça ressemblait vraiment à rien de connu... c'était ptet un extraterrestre?! Comme un fakir marche sur des clous, cet individu déjanté marche sur le verre sans se blesser, mais son sang est rouge comme le nôtre. L'enquête est ouverte !




Il y a deux jours, mon anniversaire !! 23 ans, un joli chiffre premier, pour ma première fête en Chine. Ma première fondue chinoise (火锅 pour ceux qui se seraient mis au chinois), entourée de tous mes amis francophones (sauf quelques uns qui n'ont pas osé se soustraire aux révisions forcenées, petite pensée pour eux), soit 11 garçons et 3 filles... no comment. Si, justement, commentaire ! Les filles, faut vous réveiller !! La Chine c'est bien, faut venir! Petit coup de gueule, ça fait du bien.









Donc voilà, pour mon anniversaire, j'avais organisé une petite-soirée-pépère-où-on-rentre-avant-minuit (on était en semaine quand même!). Je suis très fière de moi car à cette occasion j'ai relevé un grand défi linguistique : téléphoner en chinois pour réserver un resto! Déjà ils avaient bien réservé, ils savaient qui j'étais, et même on a pu avoir une salle pour nous tout seuls (courant en Chine, et tellement pratique, faudrait vraiment qu'on importe ça en France).


Comment se passe une fondue chinoise ? D'abord on allume le feu, ça chauffe la salle et les joues. Traditionnellement, ya une grande marmite au milieu et tout le monde plonge ses trucs dedans, mais là c'était à la mode moderne : chacun son petit marmiton, avec son bouillon plus ou moins épicé. Qu'est-ce qu'on fait cuire ? Alors, de la viande (boeuf, mouton, porc, poisson, boulettes, intestins), des racines de lotus (mon péché mignon en Chine), des épinards, des nouilles, des patates, du tofu, du soja, enfin bref tout ce qui se cuit et se mange.

J'avais expressément dit "pas de cadeaux", mais bien sûr j'en ai eu une petite flopée...
  • un énooooorme 结 avec le caractère 福 (prononcer "fou", soit bonheur), tout rouge, moi qui ne savais pas quoi mettre sur mon mur dégueu...
  • une "cartouche" de mouchoirs "Origine d'odeur du Provence" ... je venais de refaire mon stock, mais c'est pas grave, l'hiver n'est pas encore là, et j'ai pas encore eu mon 感冒 (ganmao, soit le célèbre rhume carabiné de Chine)
  • un joli collier avec 3 perles
  • un bracelet bouddhique (offert par une 同学 musulmane, ne pas chercher à comprendre)
  • un petit cahier en papier brun
  • des marque-pages magnétiques (faudrait un jour que je me remette à la lecture quand même)
  • un agenda "Degas" parce que selon Charles c'est difficile d'en trouver ici...
  • des photos de ma virée à 青岛 (Tsingtao, pour ceux qui reconnaîtraient pas encore!)
  • paaarfait pour aller dans le cadre photo offert par ma 同屋 Tamara!
  • ah, j'oubliais le pot de nutella (petit format car Romain se préoccupe de ma ligne...)
  • et la soirée-mystère de dimanche en huit.
Je vous entends déjà râler comme quoi vous avez pas vu la photo de mon gâteau d'anniv ! Ceci s'explique de manière fort simple : en Chine, il n'y a pas de gateau d'anniversaire, mais on mange les "nouilles de la longévité" qui consistent en une soupe (salée) très simple, avec un oeuf poché et deux feuilles de blettes, et où la règle du jeu est de manger toutes les nouilles sans les couper avec les dents ni avec quoi que ce soit d'autre, car elles sont le symbole d'une très longue vie... C'est parfois assez cocasse... peut-être une photo lorsque Romain m'enverra les siennes.
Je crois que j'ai fait le tour! En somme, une jolie soirée, de gentils amis, et la promesse d'une suite sympa des événements...

Juste avant mon anniversaire, examens de mi-semestre! Cinq épreuves, qui reprennent l'intégralité de ce qui avait été vu depuis la rentrée. Trois écrits et deux oraux. Ca ne rigole pas à la BLCU. Et c'est le lendemain de la fin des examens que les résultats m'ont été remis en main propre sur un joli petit papier écrit par la douce main de ma prof préférée, 于老师 (soit cadeau pour mes 23 ans) : compréhension orale "peut mieux faire" avec un 69/100 (tout le monde s'est fait surprendre par le peu de temps imparti pour répondre, mais j'assume vaillamment, je ne capte encore qu'une phrase sur deux quand mon 司机, soit chauffeur de taxi, essaye d'engager une conversation), même note pour mes deux oraux, 78/100, ça a pas l'air mauvais comme ça, mais je suis dans les 8 derniers de ma classe, eh oui, on est un super bon groupe, et moi toujours une quiche quand il s'agit d'aligner 3 mots! Grammaire et vocabulaire, 85/100, dans les 10 premiers, cool! J'avais bien appris mes leçons ;) Et "lecture et écriture", 88/100, ma grande fierté, surtout que j'ai pas eu le temps de répondre à toutes les questions... donc je compte bien tout casser au 期末考试 (soit examen de fin de semestre). Ce qu'il faut savoir : ces examens comptent pour 40% dans la note finale du semestre, et pour valider son semestre, il faut avoir au minimum un 60/100 dans chaque matière, c'est comme à l'ENSAE! Vous voyez, je suis pas sur une autre planète.

Du coup, depuis les examens, on a commencé un nouveau livre, et on le parcourt aussi à un nouveau rythme ;) Je suis toujours heureuse d'apprendre le chinois, on est un bon petit groupe, tous bien motivés ; bon, l'organisation des soirées 同学, c'est pas encore trop ça, mais on arrive toujours à trouver un ou deux candidats à un resto, que ce soit le midi ou en soirée. Hier soir, c'était resto russe dans le quartier russe (véridique, que des têtes russes, s'il avait fait -10°C, je crois que je m'y serais crue!) avec Anastacia, camarade russe, Lee, camarade londonien mais à la tête chinoise, et une truite à la mayonnaise (ya pas que les Chinois qui mangent des trucs bizarres, mais c'était très bon). J'avais voulu prendre un goulash, mais la serveuse m'a annoncé d'un ton autoritaire qui ne souffrait pas de discussion que "不好吃" (soit "c'est pas bon"). Après investigation auprès de la même serveuse, seul ce plat serait frappé d'un interdit anti-老外 (soit anti-étrangers) sur le menu... plat typiquement russe qui soit-disant ne serait apprécié que par les Chinois... j'ai pas trop cherché à comprendre, et comme la truite à la mayonnaise m'interloquait pas mal, j'ai fléchi.



Un dernier petit mot sur le Festival Culturel International qui a eu lieu le dimanche 26 octobre à l'Université de Pékin sous un soleil de plomb. Plus d'une soixantaine de stands, et autant de pays, dont bien sûr la France, qui, sans exagérer, a attiré le plus de foule. Il faut dire que Romain avait fait la cuisine, et que les Chinois adorent manger. Succès très franc, même lorsqu'il s'agissait simplement de mieux connaître la culture française (Louis Vuitton, Chanel, Zidane et Sarkozy). J'avais invité mes deux partenaires linguistiques qui ont apparemment bien apprécié.
















C'est la fin de ce long post de rattrappage du temps perdu. Merci de votre attention, et à bientôt!


mardi 7 octobre 2008

Merci à tite soeur!

Un petit post pour fêter dignement ma nouvelle bannière! Merci à Lily alias Aurélie pour ce travail de pro. Et puis si jamais j'en ai assez de celle-ci (ça risque de mettre un certain temps, je vous préviens), j'en ai 4 autres en stock [je parle de la bannière, pas de la petite soeur, mais tout le monde a compris bien sûr].


J'en profite pour dire à tous ceux et toutes celles qui me lisent régulièrement que c'est toujours un grand plaisir pour moi que de partager émotions et réactions. Mille mercis pour votre soutien!