Tout-à-coup, j'ai vu à 10 mètres de moi mon premier jeune Chinois vraiment beau, indiscutablement beau. Mon cerveau s'est rebranché illico : mais c'est vrai ! Cela fait plus de trois mois que j'habite ici, et jamais encore je n'avais pu me faire la réflexion "Il est beau.", ou même juste "Il est mignon.". Je pense qu'il en a résulté un électrochoc dans mon cerveau car alors j'ai ouvert les yeux, non pas pour admirer le jeune homme en question - car il a dû se trouver une place quelque part dans l'immense salle et s'est confondu avec ces dizaines de chevelures noires un peu hirsutes - mais pour observer ce qui m'entourait. Je pensais le faire chaque jour, mais apparemment pas de la bonne manière. Tout cela pour vous mener à ma découverte extraordinaire, tellement extraordinaire que je me suis précipitée pour vous en faire part en rentrant de mon repas. Donc non, ma découverte extraordinaire n'a pas été qu'il existe de beaux garçons en Chine, même s'il est à noter qu'il m'a fallu une centaine de jours pour en repérer un... Voici ma découverte, elle est très simple : pour les Chinois, on ne voit bien qu'avec des lunettes, la réalité est trop éblouissante pour les yeux.
Au moins trois quarts des jeunes filles chinoises (je n'exagère pas!... Et bon nombre de garçons aussi, mais la proportion est moindre) que j'ai vu défiler devant moi portaient des lunettes ! Comment se peut-il que je ne me sois pas aperçue avant de ce chiffre hallucinant ?
Là, la statisticienne en devenir qui sommeille en moi a sussuré de sa voix suave : ce n'est pas parce que tu as un échantillon d'une centaine de personnes que ton estimation est bonne, et puis ce n'est de toute façon pas représentatif de la population chinoise entière (mais qui a dit qu'il considérait mon minuscule échantillon comme représentatif d'un milliard et demi d'individus??), il y a une probabilité somme toute non nulle que toutes les filles lunettées de ton université aient choisi de venir manger au shitang numéro 2 à 12h15, ... et qui te dit qu'en Occident ce n'est pas la même chose? C'est juste que les lentilles de contact sont maintenant légion, on ne se rend plus compte de l'étendue du fléau!
Donc, tenant compte de toutes les limites sus-dites, je peux néanmoins émettre les hypothèses suivantes :
- les jeunes qui ont eu l'insigne honneur d'être acceptés dans une université de premier rang se sont bouzillé la vue dans les bibliothèques mal éclairées, et tard le soir, après le couvre-feu, à la lumière de leur lampe de poche, à ingurgiter la Connaissance qui leur était nécessaire pour parvenir à la Réussite ;
- les filles travaillent plus dur que les garçons (mais ça on le savait déjà) ;
- les opticiens doivent rouler sur l'or (maintenant je comprends pourquoi il y a un opticien sur le campus, et pas de vendeur de vélos!).