Pas d'inquiétude, tout va bien, je n'ai pas eu de coup de déprime, ni découvert en mon for intérieur un profond dégoût pour la langue chinoise, je vais bien!
J'avais ma petite théorie sur mon silence blogistique depuis fin décembre, et mon séjour en France a validé mon intuition. J'espérais que revoir la France me jette en pleine figure les différences culturelles entre la Chine et mon pays d'origine... et en fait rien ne s'est passé, c'est comme si je passais d'un monde à l'autre sans effort, sans étonnement. Mon retour à Beijing s'est passé de même, si on oublie les deux premiers jours pluvieux et moroses d'avoir quitté à nouveau ceux que j'aime. Je me sens bien des deux côtés, c'est ça le problème. C'est comme si on demandait à un Français de raconter sa vie en France, il ne saura pas quoi dire, tout lui paraît tellement aller de soi. Bien sûr, en Chine les bonnes pâtisseries me manquent, en France je peste contre les Français qui ne font que râler, mais petit à petit, la Chine a pris une place dans mon coeur, alors que la France s'est ancrée encore plus profondément en moi.
Comme j'ai cru comprendre que vous aimez bien les listes, je vais vous dire à quoi j'ai remarqué que je devenais un peu chinoise :
- je mets la main devant la bouche quand je ris, d'une manière très enfantine
- mon petit-déjeuner chinois me convient tout-à-fait, sans regret pour les croissants
- je ne planifie pas plus d'une semaine à l'avance, et je trouve ça plutôt sympa (sauf exceptions internationales...)
- je ne regarde plus jamais les infos
- je trouve la langue chinoise astucieuse, et non pas totalement biscornue ; tout le monde devrait écrire avec des idéogrammes !
- je salue de la main en remuant le poignet plutôt que le bras entier
- ma coupe de cheveux (ratée, par un Coréen) combinée avec mon nom hyper-chinois induit mes professeurs à penser que je suis une 华裔 (huayi, personne d'origine chinoise né à l'étranger, et revenant "aux sources")
- je ne me lasse plus de manger du riz
- le manque d'intimité, c'est quoi ça ?
- je trouve ça tout-à-fait normal de rentrer chez moi tard par des petites ruelles sans avoir la moindre appréhension que celle du froid mordant
- je trouve que les baguettes sont tout de même bien plus pratiques que les couverts occidentaux, parce que ça laisse une main de libre
- je n'arrive pas à considérer qu'il soit possible de disposer d'un piano sans que personne ne puisse en jouer
- je maintiens un service minimum vis-à-vis de mon apparence
- je trouve que l'esprit de compétition n'est pas une manière saine de fonctionner
- j'ai encore la force de me rebeller et de décréter que je ne veux plus habiter avec ma coloc qui vit à l'envers de moi
- je trouve le physique des hommes chinois très quelconque
- ça m'énerve toujours de ne pas pouvoir boire l'eau du robinet
- je cherche encore un vrai gâteau
- je suis toujours ravie de trouver une occasion de discuter en français (mais je n'en abuse pas)
- je n'arrive pas à ne pas trouver dégoûtantes les serpillères "toutes surfaces confondues" utilisées avec des produits qui puent littéralement et qui ne désinfectent même pas, de même, l'odeur des toilettes est toujours aussi repoussante pour mon petit nez délicat.